« Quand je m’exprime en anglais, j’ai l’impression que tout ce que je dis a l’air simpliste »
Nos propres jugements sur nous-mêmes sont bien plus sévères que ceux des autres. Sachez que votre interlocuteur saura faire la différence entre une personne qui présente des arguments “simplistes” et quelqu’un qui cherche à trouver ses mots dans une langue qui n’est pas la sienne.
Peu d’anglophones parlent français, d’où leur reconnaissance envers le francophone qui fait l’effort de s’exprimer en anglais. Les étrangers sont souvent impressionnés par le bon niveau des Français en anglais, alors que les Français sont persuadés, vous vous en doutez bien, du contraire.
« Je suis nul en langues »
Un jugement bien hâtif, formulé suite à des difficultés rencontrées en cours d’apprentissage, souvent depuis le plus jeune âge. C’est une simple opinion que l’on prend pour un fait immuable.
Il vaut mieux se poser la question de savoir si le chemin suivi était le bon.
« J’ai honte de mes erreurs »
Ce sentiment constitue un des obstacles majeurs à l’apprentissage. Car la peur de l’erreur entrave la prise de risque, processus indispensable à tout progrès linguistique.
« Ce n’est pas parce que c’est difficile que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que c’est difficile » (Sénèque)
4 sur 10 à l’interro. « Tu devrais avoir honte » commente un professeur de collège en guise de conseil pédagogique. Une telle remarque, à la fois expéditive et moralisatrice, trahit une méconnaissance profonde du processus pédagogique, notamment du rôle fondamental de l’erreur comme levier de l’apprentissage.
L’erreur n’est pas une faute. Elle relève non pas d’un jugement moral mais d’une observation technique, voire scientifique. Sans elle, il n’y a pas d’apprentissage possible.
On parle communément du « droit à l’erreur ». C’est bien plus qu’un droit. Autant dire que l’on a le droit à respirer. Lorsqu’il s’agit d’apprendre, l’erreur est un passage obligé. Quel enfant a appris à marcher sans tomber, à se brosser les dents sans étaler la pâte dentifrice, ou à boire dans un verre sans quelques débordements ? L’erreur est partout, à la source des apprentissages des plus simples aux plus complexes.
Lorsque l’élève vit l’erreur comme une faute, il lui est d’autant plus difficile de la corriger, de tirer profit de ce précieux outil. Plutôt que de regarder l’erreur de façon neutre et ouverte, de l’observer tel un scientifique devant son microscope, l’élève évite à tout prix de faire l’arrêt sur image qui ne ferait qu’accentuer son sentiment d’insuffisance et de honte. Sa capacité d’observation est brouillée par le jugement.
Or, rectifier une erreur n’est possible que si elle est constatée en toute objectivité. Paradoxalement, le malaise qui provient du jugement moral brouille les pistes, parasitant l’apprentissage et renforçant l’erreur si fortement décriée. Corriger une erreur, c’est d’abord l’accepter.
« Je répète toujours les mêmes erreurs »
De même que la pratique et la répétition permettent d’améliorer une compétence, de même répéter l’erreur ne fera que la renforcer.
« Je veux faire des progrès ! J’ai décidé ! Je m’inscris à un cours de conversation d’anglais ! Comme ça, je gagnerai en fluidité ! »
Sans doute, mais pas forcément en précision. Car si l’on n’est pas exigeant avec soi-même, l’on améliorera ses erreurs plutôt que son anglais.
Perfectionner une langue nécessite de la rigueur. Il faut savoir ralentir, réfléchir et rectifier.
Résoudre une difficulté, requiert un état de conscience et de concentration qui se cultive dans la sérénité. Afin de jouer un morceau au bon tempo, les passages virtuoses se travaillent lentement. S’impatienter à vouloir jouer à toute vitesse, et le morceau se montera mal ou pas du tout. Bien que le processus requis paraisse diamétralement opposé à l’objectif fixé, c’est bien en ralentissant que l’on atteindra la fluidité.
En adoptant cette démarche en matière de langues, vous aurez l’impression, dans un premier temps, de perdre en fluidité, voire de régresser, Mais l’exigence est un passage obligé pour venir à bout des erreurs à répétition.
« Je connais la règle et pourtant… »
Il ne suffit pas de savoir pour savoir-faire. Quand un professeur vous dit : « mais enfin je vous l’ai déjà expliqué ! », il oublie que pour transformer le savoir en savoir-faire « il faut faire ». Il ne s’agit pas d’une démarche livresque mais d’un processus pratique et répétitif. Pour qu’une règle de grammaire devienne opérationnelle, une simple explication ne suffira jamais.
Votre entraîneur de tennis ne va pas vous reprocher d’avoir loupé la balle parce qu’il vous a déjà expliqué le mécanisme du service. Ce n’est qu’à force de jouer, de louper ses services et de les corriger, que l’on devient joueur de tennis